Jusqu’au 31 Janvier prochain, La(b) Galerie Artyfact expose des univers visuels qui proposent autant d’interprétations et de réappropriations à partir d’un fil directeur, SACRE(S):
Gaëlle Abravanel + Marie-Paule Bargès+ Philippe Bernard + Amaury da Cunha + Cédric Friggeri + Pierre-Hugues Galien + Lucie Jean + François Kenesi + Marine Lanier + Régis Martin + Fréderic Mit + Patrick Rimond + Gilles Roudière + Tilby Vattard = Sacré(s)
Dédiée à la photographie contemporaine, mélangeant jeunes talents et photographes plus confirmés, La(b) Galerie Artyfact continue à déployer son questionnement des formes photographiques en proposant une scénographie particulièrement soignée, caractérisée par un dialogue entre les supports, les oeuvres et l’espace d’exposition, l’espace-galerie et la rue, ses murs, ses poteaux, investis par les photographes pour la première fois.
Sacré(s) photographique(s)
Après Femme(s), Noir(s), Voyage(s), Enfance(s), La(b) Galerie Artyfact continue l’exploration de la représentation de grands thèmes transverses en s’attardant sur le sacré: comment figurer l’au-delà? comment définir le sacré? Par quels artefacts révéler ce quelque chose qui n’est à première vue pas perceptible?
Autant de fils d’Ariane qui semblent guider les propositions plasticiennes exposées, jouant avec le visible, l’invisible, l’aura, la révélation, le profane et le sacré. Un jeu permanent semble s’opérer entre représenter et signifier dans les travaux présentés, si bien que l’on s’interroge: quel est le statut de ce que nous avons en face de nous? Est-ce une photographie, une image, une icône? La relation qui nous lie à une photographie plasticienne est-elle de l’ordre de la foi, au sens de croire dans une divinité supérieure: la beauté pure, l’aura de l’oeuvre?
Vous l’aurez compris, lorsqu’il s’agit de Sacré(s), les interprétations se multiplient, les pistes se brouillent…et le blogueur s’emballe avec sa machine à écrire (des concepts).
Les (sacrés) coups de coeur de Photophores
- Cédric Friggeri: « Profane est ma démarche, profanes sont mes sujets car ancrés dans la réalité la plus quotidienne. Pourtant, sacrés sont les anges déchus qui croisent mon objectif, sacré est l’objet photographique dont chaque tirage est unique. »
Petits formats, scénographie mosaïque, les photographies de Cédric Friggeri naviguent dans cet entre-deux entre profane et sacré. Un sujet d’apparence banal se retrouve transmuté par l’oeil plasticien, et par l’étape cruciale du développement-tirage dont Cédric Friggeri garde la maîtrise en développant une esthétique de l’ordre du fusain.
- Amaury da Cunha: « Face à la chose, devant l’image, il n’y a aucune promesse d’un ailleurs, aucun fruit d’une croyance religieuse. C’est un réel profane, sans dieu, que fouillent les images que je prends. »
Placées à côté de Cédric Friggeri dans La(b) Galerie Artyfact, les petits formats d’Amaury Da Cunha interpellent le spectateur et plongent dans une profonde hypnose, où l’on se prend à scruter ces petites scènes présentées, ces instants entre chant sacré et texte profane.
- Gaëlle Abravanel: « Comme une funambule, je tente de dessiner un trait d’union entre l’image reconnaissable, de forme envisageable et celle la moins figurante faite de vide et d’absence, préoccupée que je suis par la possible manifestation de l’aura. »
Des haïkus visuels aux allures d’entre-deux entre présence et absence, Gaëlle Abravanel poursuit ici son exploration de la trace en dévoilant son obsession pour l’aura. Halos, vides et hors-champs se répondent pour interroger l’au-delà sacré et photographique.
- Marie-Paule Bargès: “Un fil rouge invisible relie ceux qui sont destinés à se rencontrer, indépendamment du temps, de l’endroit ou des circonstances. Le fil peut s’étirer ou s’emmêler mais il ne cassera jamais (…). »
La(b) galerie Artyfact a accueilli en résidence Marie-Paule Bargès et sa résidence « Fil Rouge ». Une installation sensible, mêlant photographies, correspondances, objets, souvenirs dans un dialogue sans fin…le tout relié par cette symbolique du fil rouge, ce lien sacré et trait d’union.
- Philippe Bernard: « D’Istanbul, de ses passants, il ne reste qu’un mélange de teintes vives prélevées à la surface même des êtres, rues, murs qui les agrège et les entrelace. »
Le flou et les longues expositions dénaturent l’urbain, qui en devient mystique, jeu de formes, d’ombres et de couleurs. Philippe Bernard nous propose une ville d’Istanbul aux confins du divin, un espace faits d’apparitions et de frontières labiles.
- Gilles Roudière: « Comme si le monde soudain bousculé se recomposait différemment par la magie de la photographie, pour s’offrir enfin dans toute sa somptueuse incandescence, dans son irréductible complexité, dans son habit le plus sacré. »
Gilles Roudière explore un là-bas d’ombres portées. Un espace de transmutation où nos repères sensoriels se dérèglent, où la terre se fait mer, où le nuage se fait sol, où la lumière se fait cascade du divin.
En savoir plus sur La(b) Galerie Artyfact:
La(b) Galerie Artyfact // 9, rue Forest 75018 PARIS
Métro Place de Clichy (2/13) , Blanche (2)
Mercredi – Jeudi – Vendredi: 12h-19h – Samedi: 14h-19h.
SACRE(S) – Du 29 Novembre 2014 au 31 Janvier 2015
Fermeture exceptionnelle entre le 22 décembre 2014 et le 6 Janvier 2015
Sébastien Appiotti
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