Adrien Brunel a plus de 315000 abonnés sous le pseudonyme @neriad sur Instagram. Graphiste de formation, Adrien déploie avec ses photographies mobiles un dialogue entre la ville et ses passants, en sculptant de manière sensible le noir et blanc qu’il affectionne tout particulièrement. Ses collaborations récentes avec Lanvin et Martin Margiela s’insèrent dans une dynamique de marché où les marques font de plus en plus appel à des « instagrammers » et à leur regard photographique. Récemment sélectionné dans notre curation Création (Photographique) Mobile, nous avons souhaité interroger Adrien Brunel – @neriad sur son langage photographique.
Cliquer pour visualiser le diaporama.Depuis quand photographies-tu avec ton smartphone et de quelle manière?
Depuis Octobre 2010, lorsque j’ai eu mon premier smartphone. J’ai découvert Instagram au même moment et commencé à jouer. De la capture, l’édit (avec snapseed ou vsco) jusqu’au post, tout est fait sur mon smartphone.
De photos purement graphiques – des « compositions urbaines » de textures, couleurs et typographies – que je faisais déjà auparavant pour nourrir mon travail d’illustrations, je suis revenu aux gens que je dessinais dans la rue et les transports, il y a plus de dix ans, lorsque j’étais en école d’art en imaginant leur but, leur histoire.
La photographie mobile m’a vraiment permis de reconnecter et mêler différentes pratiques utilisées dans mon travail ou mes études, à mon penchant pour la rêverie éveillée et mon amour pour l’observation du ballet parisien quotidien.
Si tu devais définir ton univers photographique en quelques mots, lesquels choisirais-tu?
Des rêveries urbaines, des fragments d’histoires, des dialogues.
Des instantanés, des moments éphémères et suspendus où la ville – son architecture, les rythmes graphiques, les réflexions, les images et les mots qu’elle abrite – répond aux humains qui la traversent.
Au gré de ce dialogue, parfois cinglant, tendre ou poétique, une certaine réalité bascule et un rêve, une autre histoire s’écrit.
Tes prises de vue sont en grande majorité monochromes, jouant sur les ombres, les passants et les arrières-fonds graphiques : comment l’expliques-tu?
J’ai réellement l’impression de prendre une photo comme un collage instantané et composé d’éléments réels qui se superposent et se répondent pour raconter quelque chose.
Et si j’aime la couleur, c’est vrai que l’efficacité du noir et blanc, où tout est ramené à sa plus pure et simple expression graphique s’impose souvent.
Tu as récemment été contacté par les maisons Martin Margiela et Lanvin : comment se sont déroulés ces événements et que retiens-tu de ces expériences?
C’était d’abord une chance incroyable de me voir proposer une collaboration avec Margiela (en backstage et au défilé de leur collection Artisanal cet été) puis Lanvin (au milieu d’une scénographie créée à l’occasion de la signature du livre d’Alber Elbaz « Lanvin I Love You »), plus récemment.
C’était stimulant à tous points de vue : il m’a été offert à la fois un véritable défi, équipé d’un smartphone face à l’éclairage requis dans ce genre d’événements, et un projet totalement libre puisque ces deux maisons ont réellement ouvert leur univers pour le faire dialoguer avec le mien, sans contrainte.
Qu’est-ce qu’un photographe mobile peut apporter à ces marques de mode ?
Peut-être un regard plus instantané, inattendu, dans un monde où l’image est extrêmement figée et contrôlée, parfois. Je ne suis pas un familier de cet univers là ; je l’ai donc abordé avec un œil neuf, libre des codes qui lui sont propres.
Quel est ton sentiment sur l’engouement actuel des marques pour la photographie mobile?
Je n’ai accepté que récemment les sollicitations de marques, ou d’agence (l’événement Margiela était une première). J’essaie de privilégier les collaborations qui ont du sens, cohérentes avec ma démarche sur Instagram.
Quels conseils pourrais-tu donner à de jeunes photographes (mobiles)?
Je suis encore moi-même un « jeune » photographe (mobile). Mais je m’accroche à cette idée que le regard est plus important que l’appareil!
En savoir plus sur Adrien Brunel – @neriad:
Sébastien Appiotti
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